Cassiopée
- Mélissa Meunier
- 17 avr. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 mai 2022

Couchez-moi sous terre
Choisissez la plus lourde pierre
Une tombe anonyme
Prénommée Cassiopée
Ce prénom ne me convient aucunement
Les astres ne veulent pas de moi
Appelez-moi Emma, Léa, Chose ou Aye toé.
Comme vous voudrez… mais appelez- moi
Étudiante pour fuir l’engrenage
Chômeuse scolarisée en devenir
Célibataire sans enfants
Quelques amants
J’aime chaque homme plus que tous les autres
Ils me passent sur le corps ou sur le coeur selon leur guise ou leur humeur
D’une maigreur effarante, une symphonie sur mes côtes me changerait d’air
J’ai l’appétit d’une anorexique, la soif de vivre d’une boulimique
Je me goinfre d’envie et j’en vomis
Corps décharné habille âme crevassée
Tellement de trous que le vent et le froid passent sans scrupules
Tellement de trous que je ne peux retenir l’espoir et encore moins l’amour
Mon cœur est un terrain miné où personne n’ose se poser
J’ai le cœur amnésique
Il aime chaque fois comme il n’a jamais aimé auparavant
Il aime chaque fois, pour la première fois
J’ai le cœur aphasique
Il n’a jamais su s’exprimer
Son discours est une longue jérémiade
Un grincement de violon qui terrorise plus qu’il ensorcelle
Tu seras ma dernière tentative
Éventuellement un doux regret
J’aurais su être désirable et sensuelle pour impressionner tes amis
Érudite et spirituelle pour impressionner tes parents
Sotte et vulnérable pour te laisser impressionner les autres
Je sais être tout
Tu veux que je sois moi
La seule couleur qu’il me manque
Je suis l’eau qu’on infuse
Le pantin en quête de tes doigts
La page blanche attendant les mots qui seront siens
Je suis Cassiopée l’opportuniste
De toutes les religions
De tous les partis
Je suis le néant, écho de ta voix
Je ne te demande pas de m’aimer
Simplement de me le dire
Une phrase pour rattacher nos histoires
Une toute petite place dans ta vie pour espérer un sens à la mienne
Une parcelle d’oreiller pour mieux rêver
Gémir assez fort pour enterrer le doute
Mon cœur se désagrège
Donne-m’en un autre
Un tout neuf
Qui me germera dans le ventre
Un petit cœur qui saura s’échapper de moi, de mon cynisme
Pour gagner l’or auprès du tien
Une éternelle parcelle de nous
En moi le Sahara
Jamais rien de pur n’y germera
De partout le blanc m’envahit
Je me désintoxique de la vie
La douleur qui s’enfuit
Ma vie qui la suit
J’aperçois la lumière
La faucheuse me repère
Ce vieux barbu penché sur moi
Au bleu du ciel aurais-je droit?
Un ange vient m’effleurer

Ça semble doux l’éternité
Puis…
Le bruit
Les traitements
Un lit d’hôpital
Le moniteur s’emballe
Mon cœur m’a encore dupé
Ça sent la christ de vie sale à plein nez
La vie qui m’en veut
L’enfer et non les cieux
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